Alors, demain, tous freelance ? Les salariés seront-ils une espèce en voie de disparition ? Est-ce la fin du modèle dominant du CDI ? Saint-Graal pour les uns et prison dorée pour les autres, le CDI n’a plus la côte auprès de la nouvelle génération. Bientôt, dans un avenir plus ou moins proche, on nous dit que le monde du travail va changer : plus d’automatisation donc des emplois voués à disparaître. On nous prédit que la moitié des jobs de demain n’existe tout simplement pas. Ne serait-ce pas le moment de créer son entreprise idéale ?

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Le constat

C’était mieux avant ?

Nombreux sont ceux de la génération de nos parents à être entré tôt dans une entreprise et à y faire « carrière ». A l’époque, on pouvait rester toute sa vie professionnelle dans la même entreprise, y évoluer.

Je fais encore partie de la génération (j’ai 36 ans) où le CDI est la norme et est synonyme de stabilité. Tant que l’on ne l’a pas décroché, impossible de se projeter plus loin que quelques mois : pas de prêt pour un achat immobilier, pas envie de se lancer dans l’aventure bébé sans stabilité financière, stress du lendemain…

La génération suivante ne se pose pas la même question. Lasse de courir après cet impossible CDI, elle préfère se créer sur-mesure un job idéal, pas forcément très confortable, mais avec plus de sens et de passion. Leur vie professionnelle ne se résume plus à un seul emploi, mais plusieurs, complémentaires, en simultané ou successivement. Ils ne s’enferment pas dans une fonction mais sont plutôt touche-à-tout. C’est aussi parce que cette génération est encore jeune : elle ne cherche pas la stabilité à tout prix. En tous cas, leur vision influence la manière dont évolue le monde du travail.

Foule noir et Blanc

© José Martin Ramirez – Unsplash.com

Mon expérience

J’ai moi-même couru après ce fameux CDI. Je l’ai décroché dans ma branche professionnelle, le graphisme, ce n’était déjà pas si évident. Je m’y suis laissée enfermer pendant plus de dix ans, par facilité et confort. Ce CDI m’a permis de m’installer dans ma vie d’adulte, je ne me le cache pas : grâce à lui, les banques m’ont fait confiance et j’ai pu acheter une maison. J’ai pu me concentrer sur ma vie de maman et élever sereinement mes deux jeunes enfants. Sans ce sésame, cela aurait été plus compliqué, plus long, plus stressant.

Une certaine lassitude, l’envie d’autre chose, le besoin de créer par moi-même et d’apprendre de nouveaux savoirs m’ont poussé à quitter ce CDI. L’occasion d’une rupture conventionnelle a facilité le départ.

Graphiste bureau entreprise

© Nordwood Themes – Unsplash.com

Le monde du travail change

Mais on nous le dit, une énième révolution se met en marche : l’automatisation. Les métiers les plus menacés par ce phénomène sont ceux qui sont le moins qualifié, les plus routiniers : tous les métiers susceptibles d’être remplacés par des robots. Par contre, les métiers de création, d’expertise ou avec du relationnel (par exemple soin à la personne) seront valorisés.

Peut-on imaginer que le monde de demain sera plus libre, plus ouvert, mais a contrario, plus précaire, moins sécurisé, moins rémunérateur ?

Demain, tous précaires ?

Les prédictions des experts (économistes, politiques, entrepreneurs…) dessinent l’économie de demain. Une étude américaine « A vision for the economy of 2040 », menée par Vivian Giang résume les profondes transformations à venir :

  1. Les travailleurs enchaîneront, tout au long de leur carrière, quantité de courtes missions, il n’y aura plus de poste fixe ;
  2. Ils auront un agent pour défendre leur carrière, leurs talents, à l’instar des sportifs et artistes ;
  3. Chacun sera responsable de son succès, en concurrence permanente et devra se former continuellement pour acquérir de nouvelles missions ;
  4. La croissance des petites entreprises va booster les salaires.
  5. Davantage de plateformes pour atténuer le risque économique.

Je vous conseille la lecture de cet article qui explique en détail cette passionnante étude.

La prochaine économie ?

Certaines de ces annonces peuvent effrayer, même si l’auteur de l’étude pense que dans « la prochaine économie », le travail sera sans doute plus « lucratif et épanouissant ». Quant sera t’il des travailleurs qui n’arriveront pas à s’adapter, qui seront rejeté de ce système ?

C’est pourquoi, il faut sûrement s’atteler à trouver des solutions applicables à nos nouvelles façons de vivre et de travailler, plutôt que d’essayer de conserver des acquis d’un autre temps. Cet article, qui a pourtant quelques années, interrogeait déjà la question : à nouveaux emplois, nouveaux droits sociaux ? Le statut d’intermittent, au mode de travail très particulier, ne devrait-il pas se généraliser ?

Je n’ai pas de réponse, mais beaucoup de questions. Il faut néanmoins vivre avec son temps et s’adapter le plus possible aux nouveaux modes de vie et réalités.

Espace de coworking freelance

© Time Gouw – Unsplash.com

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Qui choisit d’être indépendant ?

Ceux qui veulent renouer avec leurs valeurs

Est-ce que la sécurité d’un CDI doit primer sur tout le reste ? Sur la liberté, sur l’envie de créer, d’entreprendre, sur ses valeurs personnelles qui bien souvent ne s’alignent pas avec celle de l’entreprise.

C’est aussi parce qu’il y a de plus en plus de souffrances au travail, que certain font le choix de quitter le modèle classique. Ils préfèrent renoncer à la stabilité tranquille qu’apporte le CDI pour renouer avec la liberté, la passion, ses convictions, la nouveauté. Notre génération donne de beaux exemples de reconversion improbable. C’est parce qu’ils ne trouvent pas le job qui leur correspond dans le salariat classique, que certain se lance dans un travail d’indépendant.

Freelance liberté

© Jeremy Bishop – Unsplash.com

Être en phase avec son époque

On ne vit/travaille pas de même façon que nos parents. Une génération de « nouveaux travailleurs » se met en place. Ils amorcent une nouvelle manière d’envisager le travail. Leurs particularités dessinent le monde du travail de demain :

  • La barrière entre la vie privée et la vie professionnelle est floue ;
  • Il faut s’adapter sans cesse, par nécessité ou par envie : effectuer plusieurs métiers en même temps ou à la suite ou se former sur quelque chose de complètement nouveau ;
  • On est indépendant mais pas isolé : le lien aux autres est essentiel. L’économie et la consommation s’envisage davantage par le partage, le collectif.
  • On ne sait pas de quoi sera fait demain mais on a quand même foi en l’avenir. On appelle cela l’incertitude joyeuse !
  • Les nouveaux travailleurs cherchent à aligner leur job avec leurs valeurs, à être reconnu pour ce qu’ils sont. Ils ont soif d’authenticité.
  • Ils n’ont plus peur de se tromper. L’envie d’entreprendre est plus forte que celle d’échouer. Surtout, l’échec fait partie du processus d’évolution. On apprend de ses erreurs.
  • La réussite financière n’est pas la priorité. On privilégiera l’épanouissement personnel.
  • On travaille main dans la main avec des personnes que l’on connait et en qui l’on a confiance.

> Ressources

Je vous conseille la lecture de cet article en complément.

Ce graphique est aussi très révélateur des aspirations de chaque génération (je note que je suis à cheval entre deux générations, les X et les Y ! 1981 : Pas tout à fait né avec le numérique, mais qui s’y sont mis…). Je souligne aussi que la fameuse génération Y, qui fait ses début sur le marché du travail, rêvent de liberté et de flexibilité, d’où l’attrait du statut de freelance. Par contre, il semblerait que la génération qui suit, les Z, aspirent à plus de sécurité et de stabilité.

Communication et génération tableaux

Source : Le club des élus numériques – juillet 2014

 

travail de groupe freelance

© Climate Kic – Unsplash.com

L’incertitude financière

Je ne suis qu’au début de ma vie de freelance (moins d’un an d’activité). C’est aussi parce j’ai été en CDI et que j’ai pu bénéficier d’une rupture conventionnelle que je me lance dans cette aventure. Mes arrières sont en quelque sorte assurés grâce au chômage qui compense, pendant un temps, mes creux d’activité. C’est une grande chance, j’en ai conscience. Cette sécurité me permet de prendre confiance en mes projets professionnels, construire une entreprise « viable » financièrement sur le long terme, mais pas que… réaliser aussi un projet dans lequel je crois, pour lequel j’ai envie de me battre et me lever chaque matin.

Je m’interrogeais plus haut sur la précarité du statut d’indépendant. Dans ce sens,  je trouve que le principe de Revenu Universel répond au besoin futur du monde du travail. A certaines périodes de la vie, on a besoin de pouvoir se reposer sur cette sécurité financière moindre pour pouvoir rebondir et construire quelque chose de durable.

Travail à la maison

© Vadim Sherbakov – Unsplash.com

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Ma conclusion

Au delà du statut de freelance, de l’évolution du marché du travail, des questions économiques, politiques et sociales que soulèverait la fin du CDI, je note surtout que notre génération et la suivante envisage le travail autrement qu’uniquement alimentaire. Dans l’idéal, on veut un job qui nous nourrisse, bien sûr, mais aussi qui nous ressemble, qui nous passionne, qui ai du sens. L’indépendance permet la création de ce métier sur-mesure, à condition de le rendre viable financièrement, cela reste toute la question.

Essayons d’être acteur de ce monde qui bouge pour que le faire évoluer dans le bon sens.

Restez ouverts aux évolutions de notre monde et écoutez-vous…

Mélanie